14.06.2024
Creating, Caring, Connecting (Créer, Prendre soin, Connecter) – ce triptyque doit guider la politique européenne. L'Europe a le potentiel pour devenir le continent le plus durable du monde en trois domaines. Un objectif ambitieux qui pourrait sauver l'idée européenne.
Retrouvez ci-dessous un extrait du nouvel essai d’Oliver Hermes, CEO du Groupe Wilo.

Oliver Hermes est président du conseil d'administration et PDG du groupe Wilo, président du comité de la Wilo-Foundation, membre du comité de la fondation « Stiftung Familienunternehmen », membre du comité du prix allemand du développement durable « Deutscher Nachhaltigkeitspreis » (DNP), membre du comité directeur de l'association du Proche-Orient et du Moyen-Orient « Nah- und Mittelost-Verein e.V. » (NUMOV) et membre du conseil d'administration de l'association économique germano-africaine (Afrika-Verein) ainsi que de l'initiative économique germano-subsaharienne « Subsahara-Afrika Initiative » (SAFRI). Il est essayiste et publie ses articles dans des médias indépendants. L'auteur exprime sa propre opinion.
Je n'exagère pas en disant que l'idée européenne n'a jamais été aussi menacée qu'aujourd'hui.
« Notre Europe, aujourd'hui, est mortelle. Elle peut mourir. Elle peut mourir, et cela dépend uniquement de nos choix », a récemment déclaré le président français Emmanuel Macron dans un discours très remarqué prononcé à la Sorbonne à Paris.
« Notre Europe peut mourir » ; un constat juste, bien qu'inquiétant. Un constat qui signifie en revanche aussi que notre Europe n'est pas encore morte. Elle ne se trouve pas seulement à un moment de bascule, comme l'explique Macron. Elle a actuellement une opportunité historique de fixer un nouveau cap. Les élections européennes de début juin ne sont pas seulement décisives, elles sont probablement les élections européennes les plus importantes de l'Histoire.
La Commission européenne se sent-elle également portée par cette atmosphère de renouveau dans son travail politique à Bruxelles ? Probablement pas, puisqu'elle fonctionne sans répit en mode de crise. L'Union européenne doit réagir simultanément à plusieurs défis très complexes et à leurs conséquences de grande ampleur. Le changement climatique, la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine, le conflit au Proche-Orient : il y en a trop pour les énumérer tous.
C'est certainement là que réside un problème central : l'Europe réagit. C'est toutefois insuffisant pour développer une « Europe puissance », comme le demande Macron. L'UE doit enfin devenir proactive et anticiper les événements. Elle doit lancer des réformes qui n'ont que trop tardé. Et pour cela, elle doit développer une ambition européenne globale et visionnaire pour 2050, à laquelle toutes les autres stratégies et politiques sont subordonnées.
C'est le seul moyen pour que l'UE parvienne à sortir d’une longue période en mode réactif et à suivre sur le long terme les évolutions du Sud mondial.
Elle augmente ainsi son attractivité tant pour ses citoyennes et citoyens que pour les investissements directs étrangers, qui sont l'expression d'une attractivité économique et industrielle.
En effet, les économies fortes garantissent toujours la démocratie par le biais du respect de leurs promesses de prospérité. Toutefois, si la détérioration de notre économie se prolonge et si, par exemple, la croissance allemande continue de ralentir, la perte de richesse et le manque de perspectives d'avenir qui en résultera risquent d'entraîner des perturbations sociales menaçant nos systèmes démocratiques.
Alors quelle doit être l'ambition européenne ? La neutralité climatique est une évidence. Cet objectif figure dans le Green Deal proclamé par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Cependant, ce concept ne va pas assez loin ! La nouvelle ambition européenne doit aller au-delà des évidences et définir plus profondément le concept de durabilité.
Elle doit avoir pour but non seulement de garantir la qualité de vie des Européennes et des Européens, mais aussi de l'améliorer. Ni plus ni moins. Le moment est venu non seulement de sortir le continent de la crise, mais aussi de le préparer à l'avenir et de réparer les négligences du passé : il est temps de mettre en place une stratégie durable européenne ! L'objectif est de devenir le continent le plus durable au monde d'ici 2050.
Cette stratégie durable doit se baser sur trois piliers.
- Tout d'abord, Creating : l'Europe doit donner aux entreprises et à l'industrie les moyens de créer des solutions durables afin que nous soyons en mesure de sécuriser nos infrastructures critiques, de manière souveraine et autonome. Il s'agit notamment de la défense, des soins de santé, de la sécurité énergétique, de la sécurité hydrique, de la protection du climat et de la transformation digitale.
- Deuxièmement, Caring : l'Europe doit se responsabiliser et mieux prendre en considération les besoins de ses citoyennes et citoyens afin de leur montrer qu’ils habitent le continent le plus agréable à vivre au monde, aujourd'hui et potentiellement demain.
- Et enfin Connecting : seuls des partenariats solides au sein de l'Union européenne comme au-delà de ses frontières nous permettront d'établir les connexions nécessaires pour faire face aux mégatendances de notre époque. […]